MAMAN

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Tu m’as téléphoné hier et tu m’as dit : « peut être que vous devriez vous décider enfin à partir à Bordeaux« . J’ai répondu : si on part c’est parce qu’on aura fait le choix de vivre là-bas, pas parce qu’on a peur.

Maman, je sais que tu t’inquiètes et que tu penses à moi tous les jours. J’ai des enfants maintenant, je sais ce que c’est d’imaginer son enfant loin de soi. Je ne vais pas te dire que tout va bien et que je n’ai pas peur, mes larmes au téléphone ont presque tout dit. Je ne peux pas te dire qu’il ne va rien nous arriver parce que je ne sais plus. Ce matin j’ai repris le chemin du travail, je suis montée dans le métro étrangement calme pour aller travailler sur les Champs-Elysées. Je ne peux pas te dire que je n’ai pas eu peur. Je ne peux pas te dire qu’il ne m’arrivera rien. Je ne peux pas te promettre ce que je n’arrive même pas à promettre à mes propres enfants.

Ce que je vais te dire c’est que l’on va continuer à vivre et à profiter de ce que la vie nous a offert. Demain je vais reprendre encore le métro, je vais déjeuner avec mes copines, je vais peut être même sortir jeudi soir, je vais mettre ma plus belle robe et je vais boire une coupe de champagne.

Et ce soir je vais rentrer, je vais embrasser les enfants et mon chéri et faire durer l’histoire et les câlins jusqu’à épuisement.

Maman. Je vais te dire que je vais continuer à vivre et que je vais résister. Il va en falloir de l’amour, beaucoup pour résister à tout ça.

Je vous embrasse tous, je sais que certains parmi vous ont touché de bien plus près que moi l’effroi, à vous tous je vous embrasse, prenez soin de vous, embrassez vous, aimez vous.

Bisous

Eve

29 commentaires

  1. La peur est humaine, le plus important c’est qu’elle passe! On est plus fort qu’elle, et il y a l’amour qui fait qu’on avance encore!
    Moi j’ai été prise d’angoisse dans le RER ce soir, il y avait trop de monde, un type a hurler sur le quai, ce qui a fait sursauter tout le monde… On ne se sent pas serein, mais bientôt ça ira mieux, j’en suis sûre!! Il le faut.

  2. Je ne suis pas sûre qu’être en province y change quoi que ce soit. De ma petite ville du sud, je ressens les mêmes sentiments que vous, que ma famille belge et que les réfugiés venus reconstruire leur vie ici. Je crois qu’on va tous devoir apprendre à vivre ensemble un peu différemment mais avec bienveillance.

  3. « Maman, je voulais quand même te dire que je pars à Bordeaux car la ville y est plus douce qu’une piscine de chamallows, que l’air iodé vient agréablement chatouiller mes narines, que le goût de la vie y est exacerbé, que le temps semble y avoir arrêté sa course folle … Tout simplement parce que c’est la plus ville la chouette de l’univers du monde entier et que ma copine Aude nous y attend ! »

  4. parce que ce sont a peu de choses près les mots de mon fils… que je sais ce que peut ressentir votre Maman et aussi votre point de vue … je vous embrasse aussi très fort… Alexandrine

  5. On a la même maman… (et nous devons être nombreuses dans ce cas…) Difficile de ne pas vivre dans la peur, mais comme tu le dis si bien, si nous changeons de vie c’est parce que nous l’aurons choisi pas parce que nous avons peur!
    J’ai des appréhensions à aller à un spectacle avec les enfants en décembre… Parce je me dis et si? et par moment je me dis que la peur ne doit pas guider nos pas. Parce que c’est ce que nous apprenons à notre petit garçon, tous les jours, ne pas avoir peur, lui le grand sensible, alors si moi je m’y mets… quelle drôle de maman je fais…
    J’ai entendu à la radio le récit d’un survivant qui à dit quelque chose de très juste je trouve, « le plus dur c’est pour ceux qui restent ».
    Aimons nous les uns, les autres, apprenons la tolérance et le respect à nos enfants.

  6. Je pense honnêtement que vous ne risquez quasiment plus rien à Paris, la sécurité est renforcé à son max, et personne ne prendra le risque que la même erreur se reproduise 2 fois. Si ils doivent retenter un attentat (ce que je n’espère pas), ce sera très certainement ailleurs, dans une autre grande ville de France ou dans un autre pays. Courage.

  7. Le risque est toujours là, il faut apprendre à vivre avec. Et s’aimer, s’aimer encore plus fort, et se le dire, et se l’écrire encore et encore.
    En tant que maman, je comprends l’angoisse de toutes les mamans du monde.

  8. Mêmes demandes dans ma famille… voire «  »on te paie le train, venez chez nous un moment »
    et en meme temps, j’ai comme une envie d’ailleurs… Mais ailleurs, ca serait pareil, non ?

  9. Malheureusement les circonstances actuelles nous donnent toutes envie de serrer encore plus fort nos enfants et nos maris. ..que l’amour doit prendre le dessus de nos vies…mais en même temps j ai aussi envie parfois que les enfants aient conscience du monde actuel que ce n’est pas les bisounours…
    Tendres pensées Eve….et aux lectrices.

  10. Ton texte est très émouvant <3 comme je regrette de ne pas t'avoir embrassé cette semaine…je vous embrasse tous les 4 avec tendresse. Ton amie qui t'aime. (Tu voulais de l'amour? :))

  11. Contente de vivre dans ma petite campagne néanmoins la peur est présente quand même bien sur ils tapent là ou il y a du monde mais ils sont partout quand même.
    ça fait peur c’est vrai mais on est plus fort que ça.

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